Dan Dana — Radu ZĂgreanu
Deux dédicaces latines inédites de Porolissum
(Dacie romaine)
Tafeln 3–4
Nous publions ici[1] deux inscriptions inédites[2] de Porolissum (aujourd’hui Moigrad, dép. de Sălaj, Roumanie), ville de Dacie d’importance à la fois stratégique et commerciale, qui donna son nom à la province Porolissensis, créée au début du règne d’Hadrien[3]. Porolissum n’accéda pour autant au rang de municipe qu’assez tardivement, sous Septime Sévère, d’où son nom officiel : municipium Septimium Porolissense.
La première inscription, malheureusement fragmentaire (sans doute une dédicace), constitue la troisième attestation d’un conductor (pascui et) salinarum de Dacie déjà connu, P. Aelius Marius ; la seconde inscription, une dédicace plus banale, fut érigée par un décurion et édile dont le cognomen est nouveau.
Lors des fouilles archéologiques de la première moitié des années 1980, les deux monuments ont été découverts en remploi, en rapport avec les réparations effectuées dans le grand camp auxiliaire (phase en pierre) situé sur la colline de Pomet[4]. C’est à cette occasion, sans doute après le règne de Dèce, sous Gallien, que plusieurs inscriptions votives et funéraires provenant de la ville et de sa nécropole ont été réutilisées afin de consolider, entre autres, les secteurs des portes[5].
Lieu de découverte
: à Porolissum, lors des fouilles de 1982, dans le grand camp auxiliaire de Pomet, dans les décombres du mur d’enceinte (Nord-Est), dans le
secteur de la porta praetoria de la tour orientale.
Description
: Partie inférieure d’une plaque votive (?), peut-être dans une tabula ansata, plutôt que d’une base de statue, en calcaire, partiellement
conservée ; bordure moulurée (4 cm), listel (1 cm) et kyma (3 cm). La pièce était travaillée au dos, afin d’être fixée (sur un mur ?) ; des traces de
mortier. Dimensions : 33 × 35 × 14 cm. Le fragment, légèrement abîmé, conserve une partie des cinq dernières lignes du texte, bien que de manière
incomplète (champ épigraphique : 24 × 35 cm).
Écriture
: écriture soignée ; les lettres sont régulièrement gravées, avec des apices ; lignes de réglage. Hauteur des lettres : 5 cm (ll. 1–4), 4 cm (l.
5). Présence de points séparatifs en forme de flèche (ll. 2, 4, 5) et d’abréviations courantes (l. 2). Aucune ligature.
Lieu de conservation
: MJIAZ (Musée Départemental d’Histoire et d’Archéologie de Zalău), sans n° inv.
Date
: IIe s. p. C. Pl. 3, fig. 1.
La transcription diplomatique est la suivante :
Seule la lecture de la formule onomastique et du statut du personnage, vraisemblablement honoré, est assurée. Au début de l’inscription — une ou plusieurs lignes sont apparemment perdues — se trouvait sans doute la dédicace à une ou plusieurs divinités et peut-être une formule dédicatoire [6], tandis qu’à la dernière ligne se cachait une autre formule, débutant par ex. On ignore quelle était la disposition des séquences sur chaque ligne, et combien de lettres manquaient à gauche et à droite. Par conséquent, il convient de restituer :
2 ou conductoris || 2–3 ou Ma[ri cond(uctoris)] | ṣalinaru[m] || 4 peut-être Fẹ[lix] (ou fẹ[cit]) || 5 peut-être [---]ṾVM, donc [--- s]uum ? || sans doute e[x ---]
« [--- divinité(s) --- ---] de P. Ael. Ma[rius, fermier (des pâturages et ?)] des salines [---] ».
Même si la dédicace est abîmée, l’essentiel est heureusement conservé. La mention des salinae (l. 3), en combinaison avec les tria nomina de P. Ael. Ma[rius], déjà connu comme conductor salinarum (voir infra), est suffisante et nous offre la clé de l’inscription . Les exploitations de sel étaient assez nombreuses en Dacie romaine : la plus importante se trouvait à Salinae (auj. Ocna Mureş, dép. d’Alba), toponyme parlant, dans la vallée du fleuve Marisus/Mureş, d’autres à Potaissa et sans doute à Ocna Sibiului, ainsi que plusieurs autres exploitations mineures[7]. L’épigraphie provinciale nous aide à mieux apercevoir le contrôle des ressources, dans ce cas celui des salines et des pâturages alentours. En effet, les salines, qui se trouvaient dans la propriété de l’État, étaient affermées à des concessionnaires privés, des conductores, qui percevaient le vectigal des petits fermiers (coloni) [8].
P. Aelius Marius[9] était déjà connu par deux inscriptions comme fermier des pâturages et des salines appartenant au fisc impérial. À chaque reprise, il est honoré par l’un de ses subordonnés :
‒ CIL III 1363 = IDR III.3 119 (Micia, auj. Veţel, dép. de Hunedoara ; photographie Ubi erat Lupa n° 11761) : Silvano Do|mestico P(ublius) Ael(ius) Euph[o]|rus pro | salute P(ublii) Ael(ii) | Mari con|ductoris pascui et sa|linar(um) | v(otum) v(ovit).
‒ AE, 1930, 10 = AE, 1957, 273 = AE, 1967, 388 = ILD 804 (Domneşti, dép. de Bistriţa-Năsăud)[10] : [I(ovi)] O(ptimo) M(aximo) et T(errae) M(atri) | [p]ro sal(u)t(e) Ael(ii) | Mari fl(aminis) col(oniae) | conduc(toris) pasc(ui) | et salina(rum) At|ticus, act(or) eius,| v(otum) s(olvit) l(ibens) m(erito) .
Ce même personnage est en outre honoré à Tibiscum (auj. Jupa, dép. de Caraş-Severin ; photographie Ubi erat Lupa n° 13233), bien que sans aucune mention de son statut (CIL III 1549 = IDR III.1 145) : S(oli) I(nvicto) N(umini) M(ithrae) | pro salute | P(ublii) Ael(ii) Mari | Hermadio,| act(or) Turran(ii) | Dii, v(otum) s(olvit) l(ibens) m(erito) .
Connu désormais par quatre mentions, P. Aelius Marius est le conductor salinarum le mieux documenté en Dacie romaine, grâce à un dossier épigraphique qui s’accroît régulièrement. Voici la liste actualisée des conductores (pascui et) salinarum connus dans la province :
(1) P. Aelius Marius, conductor pascui et salinarum, attesté par trois inscriptions, à Micia, à Domneşti et, à présent, à Porolissum ; ainsi que, sans aucune précision concernant sa qualité, à Tibiscum (voir supra).
(2) P. Aelius P. f. Pap(iria tribu) Strenuus, conductor pascui, salinarum et commerciorum, honoré à Apulum (CIL III 1209 = IDR III.5 443). Il s’agit d’un chevalier romain, avec une carrière municipale bien fournie : prêtre de l’autel impérial, augure et ancien duumvir de la colonie deSarmizegetusa, augure de la colonie d’Apulum, décurion de la colonie de Drobeta, patron des collèges des fabri, des centonarii et des marins (sans doute au IIIe s.).
(3) C. Iulius Valentinus, conductor salinarum, honoré à Sânpaul (dép. de Harghita) (AE, 1937, 141 = CIMRM II 2011 = IDR III.4 248).
(4) [- ---]tilius Rufinus, conductor salinarum, honoré à Micia (AE, 2005, 1296) ; l’autel fut trouvé en remploi dans l’église en bois de Boia Bîrzii (dép. de Hunedoara).
Ces conductores sont naturellement attestés dans la région des salines (Domneşti, Sânpaul), mais aussi dans les points de transit et de douane [11] : ainsi, deux fois à Micia, une fois à Apulum, et, à présent, à Porolissum, où l’on connaît une importante station douanière (y compris par des fouilles archéologiques), et où l’activité commerciale, omniprésente, était orientée vers le Barbaricum[12] (voir la carte des attestations, Pl. 3, fig. 2). Tibiscum se trouvait, à son tour, sur la frontière occidentale réelle de la Dacie ‒ qui n’était pas sur le fleuve Pathissus/Tisza. À l’instar de P. Aelius Strenuus, chevalier romain et magistrat de plusieurs colonies en Dacie Supérieure, P. Aelius Marius fut promu au flaminat d’une colonie inconnue, comme nous renseigne brièvement la dédicace de Domneşti[13]. Ce sacerdoce n’est pas mentionné à Micia, tandis qu’à Porolissum le caractère fragmentaire du monument empêche toute certitude en ce sens. D’après l’onomastique et les autres attestations du personnage, une date au IIe s. de l’inscription comme de l’activité de P. Aelius Marius est la plus vraisemblable.
Dans la plupart des cas, ces conductores salinarum sont honorés par leurs subordonnés qui agissaient sur le terrain, esclaves ou affranchis : P. Ael. Marius, par P. Ael. Euph[o]rus, à Micia, et par Atticus act(or), à Domneşti [14] ; P. Ael. Strenuus, par un certain Rufinus, à Apulum ; C. Iul. Valentinus, par Iulius Omucio, libertus actor, à Sânpaul[15] ; enfin, [- ---]tilius Rufinus, parUrsio, ser(vus) act(or) verna, à Micia. C’était probablement le cas aussi pour la dédicace, malheureusement fragmentaire, de Porolissum[16].
Cette nouvelle attestation, qui vient de la limite septentrionale de la Dacie, suggère la complexité des tâches et des relations à la charge du conductor (pascui et) salinarum, aidé par tout un réseau de subordonnés à l’échelle de la province nord-danubienne.
Lieu de découverte
: Porolissum, lors des fouilles de 1985, dans le grand camp auxiliaire de Pomet, dans le secteur latus praetorii sinistrum.
Description
: Autel en pierre calcaire, de forme allongée, avec le couronnement très abîmé et la base détériorée. Il est conservé en deux morceaux recollés en hauteur.
Dimensions : 65 × 27 × 30 cm.
Écriture
: L’inscription est complète, et comporte six lignes de texte, avec une ordinatio bien visible ; une, voire deux lignes de réglage tracées par le
lapicide se poursuivent au-delà de la dernière ligne (l. 6). Les lettres, assez irrégulières et d’une qualité médiocre, comportent des apices ;
les I et les T sont similaires ; les O sont plus petits ; Y similaire à un V (l. 4) ; E et R avec un prolongement en forme de T (ll. 5–6). Hauteur des
lettres : 3 cm (ll. 1–3), 4 cm (ll. 4–5), 5 cm (l. 6). Ligatures : A + E (ll. 3, 5). Des points séparatifs en forme de pointe de flèche.
Lieu de conservation
: MJIAZ (Musée Départemental d’Histoire et d’Archéologie de Zalău), n° inv. 143/2013.
Date
: Après Septime Sévère. Pl. 4.
La transcription diplomatique est la suivante :
« À Jupiter Très Bon Très Grand et à Junon Reine, Publius Aelius Stadylo, décurion et édile, à la faveur d’un vœu ».
On est devant une dédicace banale au couple divin Jupiter Optimus Maximus et Juno Regina, si fréquemment honorés, en Dacie comme dans d’autres provinces, par les magistrats et les communautés. La formule pro vot(o), peu courante, remplace ici le plus fréquent ex voto. Le personnage se définit comme décurion et édile — magistrature attestée pour la première fois à Porolissum —, alors que la mention de la ville est sous-entendue. Les deux précisions nous aident à fixer comme terminus post quem de la dédicace le règne de Septime Sévère, quand Porolissum fut promu au rang de municipe[17]. La mention de la charge d’édile après celle de décurion indique que le dédicant fut d’abord décurion, avant de remplir une magistrature[18].
P. Ael. Stadylo vient s’ajouter au dossier assez fourni des autres décurions connus à Porolissum [19], où l’on peut mesurer le poids des Palmyréniens (et d’autres Syriens), en rapport avec la considérable présence militaire dans cet endroit stratégique :
dans la ville même[20] :
‒ dédicace à Jupiter Optimus Maximus, par P. Aelius Iacubus, dec(urio) mun(icipii) Por(olissensis) (ILD 681) ;
‒ dédicace à Jupiter Dolichenus, par M. Aur. Flavus, IIIIvir m(unicipii) S(eptimii) P(orolissensis), M. Ant(onius) Maximu[s], vet(eranus) et dec(urio) o[rnat]us ornam(entis) IIIIvir(alibus) m(unicipii) s(upra) s(cripti), et Aure(lius) Flaus, dec(urio) m(unicipii) ve<g>esi[m]a[r(ius)] (ILD 683)[21] ;
‒ dédicace à Silvanus Domesticus, par Val. Them( )[22] , vet(eranus) dec(urio) municip(ii) (ILD 688) ;
‒ dédicace à Dea Suria, par Aur. Gaianus, dec(urio) m(unicipii) P(orolissensis), sace(r)do[s] (ILD 694) ;
‒ [L]ivius Rufus, dec(urio), qui érige l’épitaphe de sa femme (ILD 698) ;
ailleurs en Dacie :
‒ à Colonia Ulpia Traiana Augusta Dacica Sarmizegetusa, Aureli(i) Theophilus et Castor, decc(uriones) mun(icipii) Porol(issensis) (CIL III 1495 = IDR III.2 126) ;
‒ à Apulum, L. Iul. [B]assinus, dec(urio) col(oniae) Apul(ensis), IIvir col(oniae) Nap(ocensis), flam(en) col(oniae) Drob(etensis), flam(en) munic(ipii) Dier(nensis), dec(urio) munic(ipiorum) Apul(ensis) et Por(olissensis), trib(unus) leg(ionis) IIII Fl(aviae) (CIL III 14468 = IDR III.5 14) ;
dans l’Empire :
‒ à Nedinum en Dalmatie, épitaphe de Cocceius Umbrianus, dec(urio), augur et pontifex civitatis Paralis(s)ensium provinciae Daciae (CIL III 2866 = IDRE II 293) ;
‒ à Augusta Traiana en Thrace, Aur. Primus, auteur d’une dédicace en grec en l’honneur de Jupiter Dolichenus, sous Sévère Alexandre (IGBulg III 1590 = IDRE II 351)[23].
Le principal apport de la nouvelle inscription est de nature onomastique. Certes, les Aelii sont nombreux à Porolissum ; quand le praenomen est noté, il est, par deux fois, Publius[24]. Cependant, aussi bien la lecture que la compréhension du cognomen de ce nouveau décurion posent problème. Le lapicide a gravé les I et les T de la même manière ; la barre horizontale du L est assez négligemment gravée ; qui plus est, le Y pourrait passer pour un V. Pour toutes ces raisons, la lecture du cognomen reste sujette à caution. On pourrait hésiter, pour la première moitié du nom, entre Sia- et Sta-, et, pour la seconde moitié, entre - dylo et -dulo ; une terminaison en -io est, en revanche, beaucoup moins probable. Après avoir examiné toutes les possibilités de lecture, on a privilégié la forme Stadylo, qui de toute manière, à l’instar de toutes les autres alternatives, fournit un nom nouveau [25]. S’il n’est pas aisé de l’expliquer, plusieurs pistes sont à envisager :
a) un nom grec (l’hypothèse la plus vraisemblable). Dans ce cas, il pourrait s’agir d’un dérivé hypocoristique (*Σταδύλων, tiré de *Σταδύλος) bâti sur la racine σταδ- ; néanmoins, le radical de στάδ-ιον n’est pas très productif dans l’onomastique grecque [26] ;
b) un nom latin, mais il est très difficile de le mettre en rapport avec le gentilice Stadius (AE, 1996, 1776, fém. Stadia, en Afrique Proconsulaire), en plus du suffixe particulier ;
c) il convient, d’écarter, en revanche, les hypothèses celtique[27] et syrienne [28] ;
d) quant à l’onomastique indigène (dace), elle reste encore assez mal connue, et l’absence des porteurs de noms indigènes au sein de l’élite provinciale est, à ce jour, une évidence.
Faute de parallèles pertinents, l’origine de ce nom, et donc du personnage[29], reste inconnue. Il est par conséquent plus prudent de n’émettre aucune spéculation à ce sujet.
Dan Dana |
Radu Zăgreanu |
[1] Nous remercions vivement Nicolae Gudea (Cluj) de nous avoir autorisés à publier ces deux monuments inédits et d’avoir mis à notre disposition tous les renseignements nécessaires ; nous sommes également reconnaissants à Laurent Dubois (Paris) et à Heikki Solin (Helsinki) pour leurs suggestions concernant le cognomen du magistrat attesté par la seconde inscription, ainsi qu’à Franziska Beutler (Vienne) pour ses observations ponctuelles. Abréviations :
IDR = D. M. Pippidi, I. I. Russu (éds.), Inscriptiones Daciae Romanae, Bucarest 1975– (en cours).
IDRE = C. C. Petolescu, Inscriptions de la Dacie Romaine. Inscriptions externes concernant l’histoire de la Dacie (Ier–IIIe siècles), I–II, Bucarest 1996–2000.
ILD = C. C. Petolescu, Inscripţii latine din Dacia (ILD) [Inscriptions latines de Dacie (ILD)], Bucarest 2005.
[2] Une autre inscription inédite provenant du site a été publiée dans Tyche 25 (2010) 81–89 : D. Petruţ, C. Găzdac, Á. Alföldy-Găzdac, Sz. Pánczél, I. Bajusz, S. Mustaţă, L. Vass, A Family Funerary Monument Erected by a vilicus from Porolissum in Roman Dacia. Pour d’autres monuments de Porolissum récemment publiés, y compris des autels fragmentaires, effacés ou anépigraphes, mais dont le contexte de découverte reste malheureusement inconnu, voir R. I. Zăgreanu, C. I. Iov, New Sculptural Monuments in the Porolissum Area, in : C. Cosma (éd.), Studii de arheologie şi istorie. Omagiu profesorului Nicolae Gudea la 70 de ani. Studies in Archaeology and History. An Anniversary Volume to Professor Nicolae Gudea on his 70th Birthday, Cluj 2012, 291–318.
[3] Voir, en général, TIR L 34, 92–93 ; N. Gudea, Porolissum. Res publica municipii Septimii Porolissensium, Bucarest 1986 ;Idem, Porolissum. Un complex arheologic daco-roman la marginea de nord a Imperiului Roman (Porolissum. Un complexe archéologique daco-romain à la limite septentrionale de l’Empire Romain), Vol. I, Zalău 1989 ; R. Ardevan,Viaţa municipală în Dacia romană (La vie municipale en Dacie romaine), Timişoara 1998, 65–67 ; N. Gudea, W. Schuller, Porolissum. Ausschnitte aus dem Leben einer dakisch-römischen Grenzsiedlung aus dem Nordwesten der Provinz Dacia Porolissensis, Amsterdam 1998 ; en dernier lieu, C. C. Petolescu, Villes de la Dacie romaine, Dacia NS 55 (2011) 99.
[4] E. Tóth, Porolissum. Das Castellum in Moigrad. Ausgrabungen von A. Radnóti, 1943, Budapest 1978 ; N. Gudea, Das Römergrenzkastell von Moigrad-Pomet. Porolissum 1, Zalău 1997.
[5] Voir, en dernier lieu, D. Isac, Repairing Works and Reconstructions on the Limes Dacicus in the Late 3rd Century AD, in : Á. Morillo, N. Hanel, E. Martín (éd.), Limes XX. XX Congreso internacional de estudios sobre la frontera romana. XXth International Congress of Roman Frontier Studies. León (España), Septiembre, 2006 , II, Madrid 2009, 779–792, en partic. 782–783, 785. Parmi les nombreuses dédicaces et épitaphes trouvées en remploi dans le camp de Pomet, notamment dans le secteur de la porta principalis sinistra, on peut citer ILD 680, 681 (dédicace d’un décurion), 689, 694 (dédicace d’un décurion), 707, 709, 710, 711, 712, 713.
[6] On a cru pouvoir lire (l. 1) [---]Ṛ p̣ṛọ ṣạḷ[ute ---?], mais en réalité, après le A, on aperçoit une partie d’une lettre (P ou T ?), puis un R, puis peut-être un D (ou plutôt un S ?), et des traces de lettres. À la ligne suivante, le nom du conductor était le plus vraisemblablement au génitif, à l’instar des autres dédicaces du dossier.
[7] V. Wollmann, Mineritul metalifer, extragerea sării şi carierele de piatră în Dacia ro-
mană. Der Erzbergbau, die Salzgewinnung und die Steinbrüche im römischen Dakien , Cluj 1996, 240–249.
[8] Voir, en général, M. Macrea, Viaţa în Dacia romană (La vie en Dacie romaine), Bucarest 1969, 298 ; P. Ørsted, Roman Imperial Economy and Romanization. A Study in Roman Imperial Administration and the Public Lease System in the Danubian Provinces from the First to the Third Century A.D. , Copenhague 1985, 343 et 346–247 ; C. C. Petolescu, Dacia şi Imperiul Roman (La Dacie et l’Empire Romain), Bucarest 2000, 243 ; M. Bărbulescu, s.v. Conductores pascui et salinarum, in : M. Bărbulescu (éd.), Atlas-dicţionar al Daciei romane, Cluj 2005, 71 et 73 (p. 74, carte n° XVII ; p. 76, liste des salines) ; N. Gudea, Th. Lobüscher, Dacia. Eine römische Provinz zwischen Karpaten und Schwarzem Meer, Mayence 2006, 43–44 (p. 45, carte n° 36, avec les salines) ; R. Ardevan, L. Zerbini, La Dacia romana, Soveria Manneli 2007, 85 ; I. A. Oltean, Dacia. Landscape, Colonisation, Romanisation, Londres/New York 2007, 38–39, 182, 223. Les commentaires les plus fournis, à partir des exemples épigraphiques connus, sont donnés par I. Piso,Un nouveau conductor salinarum en Dacie, Acta Musei Napocensis 41–42 (2004–2005) 179–182 ; en dernier lieu, voir D. Benea, Cu privire la administrarea salinelor din Dacia romană (Sur l’administration des salines en Dacie romaine), Analele Banatului 15 (2007) 41–46 (avec une insistance, peut-être trop poussée, sur l’importance de l’armée dans ce phénomène).
[9] Son cognomen, connu, en raison du formulaire, uniquement au génitif (Mari), a été restitué par les commentateurs tantôt Marus, tantôt Marius ; cette dernière forme est préférable, de l’avis de I. Piso (voir n. 8). Marius, normalement un gentilice, est attesté à plusieurs reprises comme cognomen (cf. OPEL III 59).
[10] Parfois, son praenomen est donné à tort comme Titus (ainsi, AE, 1967, 388). Dans le corpus récent ILD 804, on déplore la lecture fautive Ael(ius) | Aeticua, gener (une des premières lectures, cf. AE, 1930, 10).
[11] Selon l’observation précieuse de I. Piso, Un nouveau conductor salinarum en Dacie [n. 8], 182.
[12] N. Gudea, Vama romană. Monografie arheologică. Contribuţie la cunoaşterea sistemului vamal din provinciile dacice (La douane romaine. Contribution à la connaissance du système douanier des provinces daces), Cluj 1996. D. Benea, Cu privire la administrarea salinelor din Dacia romană [n. 8], 44, écrivait que d’autres points de transit du sel devaient se trouver au Nord de la Dacie, « peut-être aussi à Porolissum, où il n’y a pas de témoignages épigraphiques ». Désormais, cette hypothèse se voit confirmée. Chez M. Bărbulescu, Conductores pascui et salinarum [n. 8], 73, Porolissum est cité parmi les localités où sont attestés des conductores salinarum ; nous ne saurions dire s’il était au courant de cette inscription inédite.
[13] Apulum ou Sarmizegetusa, voir en dernier lieu I. Piso, Un nouveau conductor salinarum en Dacie [n. 8], 182 ; sur le statut social de ces grands fermiers des domaines impériaux, chevaliers (comme P. Ael. Strenuus) ou affranchis, voir I. Piso, An der Nordgrenze des Römischen Reiches. Ausgewählte Studien (1972–2003) (HABES 41), Stuttgart 2005, 252.
[14] Et, à Tibiscum, par Hermadio act(or) de Turran(ius) Dius.
[15] Voir L. Mihăilescu-Bîrliba, Les affranchis dans les provinces romaines de l’Illyricum (Philippika 12), Wiesbaden 2006, 305–306, n° 595 ; Idem, Actores Daciae Romanae, Classica et Christiana 4 (2009) 307–316, en partic. 311–312 ; sur les actores comme agents des conductores, voir J. Carlsen, Vilici and Roman Estate Managers until AD 284, Rome 1995, 128.
[16] L. 4, la fin du premier mot conservé pourrait être au datif, [incolumi]tati, [felici]tati ou similaire, ou bien l’abréviation d’un gentilice, par exemple [S]tati(us)/[S]tati(lius) Fẹ[lix], mais tout cela reste très hypothétique.
[17] Pour la vie municipale en Dacie romaine, voir brièvement R. Ardevan, L. Zerbini, La Dacia romana [n. 8], 131–155 (sur Porolissum, 148–150) ; en général, la monographie de R. Ardevan, Viaţa municipală în Dacia romană (La vie municipale en Dacie romaine), Timişoara 1998 ; sur Porolissum, voir en partic. pp. 65–67, 149, 187–188, 566 (et le tableau n° XXVI, avec les notables du municipe). R. Ardevan notait par ailleurs que les données sur la vie municipale de Porolissum étaient réduites (p. 149). Sur l’histoire de la ville et ses magistrats, cf. également I. Piso, Studia Porolissensia (I). Le temple dolichénien, Acta Musei Napocensis 38 (2001) 235–237 [= An der Nordgrenze (n. 13), 483–486], lequel propose de placer le municipe sur le grand plateau situé au Sud-Est du camp de Pomet.
[18] C’est donc une mention qui se justifie : voir à ce sujet R. Ardevan, Viaţa municipală [n. 17], 153–155.
[19] Attestations des décurions de cette ville : N. Chirilă, N. Gudea, A. Matei, V. Lucăcel,
Raport preliminar asupra săpăturilor de la Moigrad ( Porolissum) din anii 1977–1979, Acta Musei Porolissensis 4 (1980) 90–98 ; R. Ardevan, Viaţa municipală [n. 17], nos R 117, 353, 486–488, 490, 502, 513 ; I. Piso, Studia Porolissensia (I) [n. 17], Acta Musei Napocensis 38 (2001) 236 n. 124 [= An der Nordgrenze (n. 13), 485 n. 124].
[20] Ael. Thema[rsa ?, vet(eranus) ex] (centurione), dec(urio) CO[---] (ILD 707) est soit décurion de la colonie de Napoca, soit, si l’on adopte une autre restitution, de Porolissum (ce qui est peu probable) ; son cognomen est de facture syrienne.
[21] Avec les lectures de I. Piso, Studia Porolissensia (I) [n. 17], 225–233 (= AE, 2001, 1707).
[22] Them(es) ou Them(arsa) plutôt que Them(o).
[23] Dédicace érigée par Aur. Sabinus fils de Théophilos, Syrien, prêtre et marchand de vin (en Dacie), et par Aur. Primus Ἀστέῳ τῷ καὶ ’Ιουλίῳ (sic), β(ου)λ(ευτὴς) τῆς Δακίας Σεπτιμίᾳ Πορολίσσου.
[24] P. Ael. Malachu(s), flamen q(uin)q(uennalis) mun(icipii) S(eptimii) Por(olissensis) et sacerdos Dei n(umeri) P(almyrenorum) P(orolissensium) (ILD 680) ; le décurion P. Aelius Iacubus (ILD 681), déjà cité.
[25] On peut aussi penser à une faute du lapicide, pour Stabulo, mais ce serait trop spéculatif.
[26] H. Solin, Die stadtrömischen Sklavennamen. Ein Namenbuch, II (Griechische Namen), Stuttgart 1996, 544 (fém. Stadio) ; sur les noms grecs en Dacie romaine, voir L. Ruscu, Die griechischen Namen in der Provinz Dakien, Acta Musei Napocensis 35 (1998) 147–186.
[27] Il existe une famille de noms en Suadul(l)-, à laquelle on ne peut cependant rattacher notre exemple ; voir les exemples dansOPEL IV 96, et chez X. Delamarre, Nomina Celtica Antiqua Selecta Inscriptionum (Noms de personnes celtiques dans l’épigraphie classique), Paris 2007, 172.
[28] Les porteurs de noms syriens sont particulièrement visibles dans l’épigraphie de Porolissum, mais aucun parallèle ne peut être proposé dans cette direction.
[29] Pour une vue d’ensemble de la province, voir L. Mihăilescu-Bîrliba, L’origine de l’élite municipale en Dacie romaine, Studia Antiqua et Archaeologica 16 (2012) 153–187.